Une bibliothèque russe en héritage, un voyage en Russie puis les Arts Déco, le chemin semble tout tracé jusqu’à Nikolaï. Comment le rencontrez-vous ?
Dans les années 1988–1989, les Russes sont happés par l’Ouest et un groupe d’artistes contemporains vit à Paris. Sotheby’s les adore et achète leurs œuvres pour les revendre dans les grandes galeries. C’est vraiment une très belle période. Olivier Morane, grand collectionneur, monte La Base, un centre d’art contemporain, où tous les Russes vont se retrouver et faire des projets dithyrambiques et magnifiques avec les fêtes qui vont avec. Paris devient russe : il y a tout le temps des expositions, des concerts et cela se passe souvent chez nous, avec Nikolaï.
A ce moment-là, j’invite toujours mon grand-père, un homme qui faisait peur aux petits enfants avec son air très sérieux et sa montre de gousset. Soudain, au contact de nos amis russes, il se met à raconter les histoires de sa vie et notamment celle de son emprisonnement en Pologne au tout début de la seconde guerre mondiale. S’il a tenu cinq ans, dans ce camp très dur, c’est grâce aux Russes. Ils passaient toute la semaine à se remémorer des musiques pour organiser des concerts le vendredi soir aux Allemands. Tous nos amis russes adorent mon grand-père et sa fin de vie sera remplie de souvenirs. Il rassure aussi mes parents en leur disant : « c’est très bien, c’est beaucoup mieux qu’elle épouse un Russe plutôt qu’un Français !»