… Je ne sais pas si j’aimais écrire mais je me rappelle la fierté éprouvée quand, au collège, le professeur de français avait lu à haute voix à toute la classe ma rédaction, une histoire de vieille table d’école qui se tuait d’un coup de compas à la fin. Je dois toujours l’avoir, rangée quelque part, au fond d’une armoire.
Je me souviens par contre très clairement de ma naissance à l’écriture. C’était un soir de 1997. J’avais pris ma plume, pour la première fois sans contrainte, sans dissertation ou mémoire à rendre, et avec une soif de coucher sur le papier le début d’une histoire qui avait pris forme quelques heures auparavant. Je devais l’écrire de toute urgence, avant que les mots ne s’envolent comme ils étaient venus, sans prévenir, cognant sous mes tempes et pressés de s’aligner sur la page.
Plus tôt dans l’après-midi, nous étions allés rendre visite à l’abbé de la paroisse familiale, à Seilhac, un joli petit village de Corrèze, pour préparer notre mariage. Je me souviens très précisément de ce moment. Nous étions arrivés de Paris la veille et il faisait doux ce jour-là, le soleil projetant ses rayons printaniers sur les forsythias qui bordaient la petite route de campagne. En longeant le cimetière, quand la petite église et le château derrière étaient apparus, mon cœur s’était serré. C’était ici que nous allions nous marier, au mois de juillet suivant.
L’abbé Peyrinet nous avait reçus dans son presbytère et une fois nous avoir fait asseoir sur des chaises en paille lustrées par les ans, avant toute considération religieuse relative au dit mariage, il avait ouvert en grand sa bonnetière et nous avait demandé ce que nous souhaitions boire. Ce fut une belle entrée en matière et devant nos verres de vin cuit, nous avions échangé sur les préparatifs, le choix des textes et des chants. Et soudain, les voix s’étaient faites de plus en plus ténues et mon esprit s’était échappé. Je quittai ce petit salon du presbytère, je m’envolai par-dessus les toits d’ardoises et un début d’histoire naissait, jaillissant de mon esprit sans crier gare. Quand l’abbé m’apostropha pour me demander mon avis, je redescendis aussi soudainement que j’étais partie, mais riche d’un moment déterminant, même si je ne le savais pas encore. Une fois avoir pris congé de l’abbé, nous étions repartis vers la maison de mes parents. En chemin, je confiai mon idée de récit à mon fiancé, très étonné que j’aie pu inventer une histoire de prêtre assassiné dans un village. En effet, l’abbé Peyrinet avait toujours été un homme jovial et convivial. Comment pouvais-je lui faire cela ?
Je ne saurai jamais ce qui a déclenché cette intrigue mais j’ai écrit trente-cinq pages. Depuis ce jour, la vie s’est enchaînée, nos trois enfants sont nés et je n’ai jamais terminé ce roman. Mais la flamme est toujours là et elle brûle de plus belle. A chaque étape heureuse ou douloureuse de ma vie, j’ai besoin de graver en mots mes états d’âme et mes réflexions : une lettre à mon père parti trop tôt, une chanson pour Fantine, mon bébé des étoiles, des chroniques sur notre vie d’expatriés en Russie. Mon désir d’écrire est devenu si fort qu’aujourd’hui, j’écris pour ceux qui n’ont pas le temps d’écrire.
J’ai allumé la bougie dans un vieux presbytère et je ne sais pas quand ni comment elle s’éteindra.
Valérie Chèze, mai 2020
Oui, je prends rendez-vous car je veux en savoir un peu plus
Une première rencontre en visioconférence pour faire connaissance
et évaluer vos besoins.
Le temps d’un clic et j’écris pour vous !