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Andreï Makine —  L’archipel d’une autre vie

Rédac­tion d’un arti­cle dans le Bul­letin de Moscou Accueil n° 185 

Client : Moscou Accueil

Date : sep­tem­bre-octo­bre 2017

Le coin lecture de Liera * 


Nous allons aujourd’hui partir en voyage, aux confins de la vaste Russie, dans l’Extrême-Orient qui jouxte l’océan Pacifique. Mais nous allons également voyager dans le temps, en 1952, à l’époque de Staline et en pleine guerre de Corée, trois ans après l’explosion de la première bombe atomique soviétique, quand l’URSS se préparait à l’apocalypse.

Dans son dernier roman paru en 2016, « L’archipel d’une autre vie » (Editions Seuil, 282 pages), Andreï Makine raconte l’histoire d’un réserviste de l’armée, Pavel Gartsev, qui se voit confier la mission de traquer un criminel évadé du Goulag. Il n’est pas tout seul, quatre compagnons le suivent. Et une longue chasse à l’homme commence, à travers la Taïga, depuis Tougour aux îles Chantars, en mer d’Okhotsk.

Comme le précise l’auteur, « c’est un évadé astucieux parce qu’il vit en symbiose avec la nature, il est né dedans. Chaque arbre est son ami, chaque aiguille de pin est son alliée. Il joue tous les tours à ces cinq soldats qui sont d’abord effrayés, puis amusés par ses astuces.” 

Pavel est un citadin et cette immersion dans ces terres qui semblent comme échapper à l’Histoire l’amène à remettre tout en question et à changer le cours de son histoire personnelle. Il comprendra la valeur de la vie quand il sera confronté à ces contrées désolées. Et quand il connaîtra l’identité de la personne qu’il poursuit, il en sera ému. La Russie est plurielle, nous le savons, mais ce livre est la preuve que voyager dans ce pays immense peut être thérapeutique et salvateur.

Makine 1

Nous sommes transportés dès les premières pages ; ce véritable hymne à la liberté est une formidable déclaration d’amour à la Russie. Makine se plait à souligner que « la Russie peut être cruelle, atroce » mais qu’elle n’est « jamais petite ». Et il est très souvent en colère contre ceux qui mènent une « guerre illimitée » contre son pays d’origine. Pour écrire ce livre, il s’est inspiré d’une histoire vraie. 

Au début du livre on apprend qu’au début des années 1970, un jeune garçon rencontre Pavel : il s’agit de Andreï Makine lui-même, qui avait 14 ans à l’époque. L’écrivain, très nostalgique de son enfance, raconte : « on vivait un peu dans cet esprit Far-West, ou plutôt Far-East, un peu aventureux. Tout était possible… ». Et il ajoute : « on ne comprend pas la Russie… ». Il raconte aussi « qu’il y avait des évasions qui se produisaient souvent » et se souvient que « l’une des images qui m’ont frappé le plus quand j’étais enfant, c’était celle d’un prisonnier, pratiquement momifié sous un arbre. Il s’était évadé, il avait grimpé sur un arbre pour échapper aux loups et il a été gelé par les froids qui atteignaient parfois moins 60. C’est une image terrible que j’ai vue en Sibérie. »

Au début du livre on apprend qu’au début des années 1970, un jeune garçon rencontre Pavel : il s’agit de Andreï Makine lui-même, qui avait 14 ans à l’époque. L’écrivain, très nostalgique de son enfance, raconte : « on vivait un peu dans cet esprit Far-West, ou plutôt Far-East, un peu aventureux. Tout était possible… ». Et il ajoute : « on ne comprend pas la Russie… ». Il raconte aussi « qu’il y avait des évasions qui se produisaient souvent » et se souvient que « l’une des images qui m’ont frappé le plus quand j’étais enfant, c’était celle d’un prisonnier, pratiquement momifié sous un arbre. Il s’était évadé, il avait grimpé sur un arbre pour échapper aux loups et il a été gelé par les froids qui atteignaient parfois moins 60. C’est une image terrible que j’ai vue en Sibérie. »

Dans le roman, deux des personnages vont vivre sur une ile déserte, dans l’archipel des Chantars, un moyen pour l’écrivain de nous expliquer que « l’on peut vivre autrement ». « On peut choisir un mode de vie qui exclut la pollution, la surconsommation, la surexploitation ». Il ajoute que « l’homme ne devrait pas oublier qu’il n’est qu’un pauvre locataire de la terre ». Enfin il conclut : « est-ce que les gens sont capables de l’entendre ? ».

Yakoutie 1

Né à Krasnoïarsk, en URSS, en 1957, Andreï Makine vit aujourd’hui à Paris. Mais comment est-il arrivé de Sibérie en France ? Dans les années 1980, il rédige une thèse sur la littérature française contemporaine et obtient un doctorat de l’Université d’État de Moscou. Il enseigne ensuite la philologie à l’Université de Novgorod tout en collaborant à la revue Littérature contemporaine à l’étranger. En 1987, lors d’un voyage en France, il obtient l’asile politique et devient professeur de langue et de culture russes à Sciences Po et à l’École normale supérieure.

Son premier roman, « La fille d’un héros de l’Union soviétique » parait en 1990 puis il rédige une thèse de doctorat à la Sorbonne consacrée à l’œuvre de l’écrivain russe Ivan Bounine (1870–1953). En 1992 il publie « Confession d’un porte-drapeau déchu » et fait même croire que ses deux premiers romans ont été écrits en russe en inventant un traducteur imaginaire ! Mais ce n’est que son quatrième roman, « Le testament français », paru en 1995, qui le consacre, puisqu’il obtient les prix Goncourt, Médicis et Goncourt des lycéens. Et c’est grâce à l’obtention du Goncourt qu’il obtient la nationalité française en 1996, qui lui avait été refusée lors de sa première demande en 1991.

Le 3 mars 2016, il est élu membre de l’Académie française au premier tour. Tous ses romans sont écrits en français et il est traduit dans une trentaine de pays. 

Valérie Chèze, bulletin de Moscou Accueil n° 185 septembre-octobre 2017

* Pour les nouveaux, Liera est le diminutif russe de Valérie

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